Quand vous utilisez un éditeur il est facile de le contrôler, de lui dire de charger des fichiers, et ainsi de suite. Vous pouvez faire cela parce que l'éditeur fournit les possibilités de le faire, et parce qu'un éditeur est attaché à un terminal. Certains programmes ne sont pas conçus pour fonctionner avec un dialogue constant avec l'utilisateur, et donc ils se déconnectent du terminal à la première occasion. Par exemple, un serveur web passe son temps à répondre aux requêtes web, il n'attend normalement pas d'entrée de votre part. Les programmes qui transportent le courrier électronique de site en site sont un autre exemple de cette classe d'application.
Nous appelons ces programmes des daemons (démons). Les “daemons” étaient des personnages de la mythologie Grecque: ni bon ni mauvais, c'étaient de petits esprits serviteurs qui, généralement, ont été à l'origine de choses utiles à l'humanité, un peu comme les serveurs web ou de messagerie d'aujourd'hui nous sont utiles. C'est pourquoi la mascotte BSD a été, pendant longtemps, un démon à l'apparence joyeuse portant des chaussures de tennis et une fourche.
Il existe une convention pour nommer les programmes qui fonctionnent normalement en tant que daemons qui est d'utiliser une terminaison en “d”. BIND est le “Berkeley Internet Name Domain”, mais le programme réel qui est exécuté s'appelle named); le programme correspondant au serveur web Apache est appelé httpd; le daemon de gestion de la file d'attente de l'imprimante est lpd, et ainsi de suite. C'est une convention, mais pas une obligation pure et simple; par exemple le daemon principal de gestion du courrier électronique pour l'application Sendmail est appelé sendmail, et non pas maild, comme vous pourriez l'imaginer.
Parfois vous devrez communiquer avec un processus daemon. Une manière de procéder est de lui (ou à tout processus en cours d'exécution) envoyer ce que l'on appelle un signal. Il existe un certain nombre de signaux différents que vous pouvez envoyer—certains d'entre eux ont une signification précise, d'autres sont interprétés par l'application, et la documentation de l'application vous indiquera comment l'application interprète ces signaux. Vous ne pouvez envoyer de signaux qu'aux processus dont vous êtes le propriétaire. Si vous envoyez un signal à un processus appartenant à quelqu'un d'autre avec kill(1) ou kill(2), vous obtiendrez un refus de permission. Il existe une exception à cela: l'utilisateur root, qui peut envoyer des signaux aux processus de chacun.
Dans certain cas FreeBSD enverra également aux applications des signaux. Si une application est mal écrite, et tente d'accéder à une partie de mémoire à laquelle elle n'est pas supposée avoir accès, FreeBSD envoie au processus le signal de violation de segmentation (SIGSEGV). Si une application a utilisé l'appel système alarm(3) pour être avertie dès qu'une période de temps précise est écoulée alors lui sera envoyé le signal d'alarme (SIGALRM), et ainsi de suite.
Deux signaux peuvent être utilisés pour arrêter un processus, SIGTERM et SIGKILL. SIGTERM est la manière polie de tuer un processus; le processus peut attraper le signal, réaliser que vous désirez qu'il se termine, fermer les fichiers de trace qu'il a peut-être ouvert, et généralement finir ce qu'il était en train de faire juste avant la demande d'arrêt. Dans certains cas un processus peut ignorer un SIGTERM s'il est au milieu d'une tâche qui ne peut être interrompue.
SIGKILL ne peut être ignoré par un processus. C'est le signal “Je me fiche de ce que vous faites, arrêtez immédiatement”. Si vous envoyez un SIGKILL à un processus alors FreeBSD stoppera le processus[1].
Les autres signaux que vous pourriez avoir envie d'utiliser sont SIGHUP, SIGUSR1, et SIGUSR2. Ce sont des signaux d'usage général, et différentes applications se comporteront différemment quand ils sont envoyés.
Supposez que vous avez modifié le fichier de configuration de votre serveur web—vous voudriez dire à votre serveur web de relire son fichier de configuration. Vous pourriez arrêter et relancer httpd, mais il en résulterait une brève période d'indisponibilité de votre serveur web, ce qui peut être indésirable. La plupart des daemons sont écrits pour répondre au signal SIGHUP en relisant leur fichier de configuration. Donc au lieu de tuer et relancer httpd vous lui enverriez le signal SIGHUP. Parce qu'il n'y a pas de manière standard de répondre à ces signaux, différents daemons auront différents comportements, soyez sûr de ce que vous faites et lisez la documentation du daemon en question.
Les signaux sont envoyés en utilisant la commande kill(1), comme cet exemple le montre:
Envoyer un signal à un processus
Cet exemple montre comment envoyer un signal à inetd(8). Le fichier de configuration d'inetd est /etc/inetd.conf, et inetd relira ce fichier de configuration quand un signal SIGHUP est envoyé.
Trouvez l'identifiant du processus (PID) auquel vous voulez envoyer le signal.
Faites-le en employant ps(1) et grep(1). La commande
grep(1) est utilisée
pour rechercher dans le résultat la chaîne de caractères que vous
spécifiez. Cette commande est lancée en tant qu'utilisateur normal, et inetd(8) est lancé en
tant que root, donc les options ax
doivent être passées à ps(1).
% ps -ax | grep inetd 198 ?? IWs 0:00.00 inetd -wW
Donc le PID d'inetd(8) est 198. Dans certains cas la commande grep inetd pourrait aussi apparaître dans le résultat. C'est à cause de la façon dont ps(1) recherche la liste des processus en fonctionnement.
Utilisez kill(1) pour envoyer le signal. Etant donné qu'inetd(8) tourne sous les droits de l'utilisateur root vous devez utilisez su(1) pour devenir, en premier lieu, root.
% su Password: # /bin/kill -s HUP 198
Comme la plupart des commandes UNIX®, kill(1) n'affichera rien si la commande est couronnée de succès. Si vous envoyez un signal à un processus dont vous n'êtes pas le propriétaire alors vous verrez “kill: PID: Operation not permitted”. Si vous avez fait une erreur dans le PID, vous enverrez le signal soit à un mauvais processus, ce qui peut être mauvais, soit, si vous êtes chanceux, vous enverrez le signal à un PID qui n'est pas actuellement utilisé, et vous verrez “kill: PID: No such process”.
Pourquoi utiliser /bin/kill? : De nombreux interpréteurs de commandes fournissent la commande kill comme commande interne; c'est à dire, que l'interpréteur de commandes enverra directement le signal, plutôt que de lancer /bin/kill. Cela peut être utile, cependant les différents interpréteurs ont une syntaxe différente pour spécifier le nom du signal à envoyer. Plutôt que de tenter de les apprendre toutes, il peut être plus simple de juste employer directement la commande /bin/kill ....
Envoyer d'autres signaux est très semblable, substituez juste TERM ou KILL dans la ligne de commande si nécessaire.
Important : Tuer au hasard des processus sur le système peut être une mauvaise idée. En particulier, init(8), processus à l'identifiant 1, qui est très particulier. Lancer la commande /bin/kill -s KILL 1 est une manière rapide d'arrêter votre système. Vérifiez toujours à deux fois les arguments que vous utilisez avec kill(1) avant d'appuyer sur Entrée.
[1] |
Ce n'est pas tout à fait vrai—il y a quelques cas où les choses ne peuvent être interrompues. Par exemple, si le processus est en train d'essayer de lire un fichier qui est sur un autre ordinateur sur le réseau, et que l'autre ordinateur n'est plus accessible pour quelque raison (a été éteint, ou le réseau a un problème), alors le processus est dit “non interruptible”. Par la suite le processus entrera en pause, typiquement après deux minutes. Dès que cette pause sera effective le processus sera tué. |
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